Comme l'écrivait si savoureusement François Vatable Brouard (1556-1626) à l'aube du XVIIe siècle, sous le pseudonyme de François Béroalde de Verville: «On ne fait non plus cas des pauvres que de couilles, on les laisse à la porte, jamais n'entrent.»
Dans les livres de cuisine non plus, les couilles n'entrent guère, et pourtant elles firent les délices de la cuisine de cour sous Louis XV, furent un hors-d'oeuvre friand de la cuisine classique et bourgeoise au XIXe siècle, et l'un des mets canailles préférés des professionnels de la viande à la Villette, à la grande époque des Abattoirs. Il m'a donc semblé que c'était un devoir de mémoire de leur rendre hommage en collectant les recettes qui les mettent en scène. Puis finalement, de leur rendre hommage tout court, à celles qu'on apprêt! pour les déguster... et à celles qu'on déguste sans apprêt!
Mon livre se présente donc comme un recueil de gourmandises en tout genre où piocher aussi bien des nourritures pour la bouche que des nourritures pour l'esprit. Une leçon de «choses» en quelque sorte.
Les mots saveur et savoir ayant la même filiation étymologique - puisque saveur («qualité perçue par le sens du goût») vient du verbe latin sapere, qui a d'abord voulu dire «avoir du goût, exhaler une odeur, sentir par le sens du goût», avant de signifier, de manière plus figurée, «avoir de l'intelligence, du jugement, connaître, comprendre, avoir la connaissance», ce compagnonnage m'a paru aller de soi. Une manière comme une autre de faire d'une pierre deux coups... ou plus exactement d'une paire deux couilles!
Après une formation d'historienne de l'art, Blandine Vié est devenue journaliste-écrivain culinaire, se passionnant pour la mythologie des produits, des plats et des terroirs. Auteur de près d'une centaine d'ouvrages, elle écrit pour de nombreuses revues spécialisées.
Le prénom Blandine vient du latin blandus qui signifie «doux, caressant». Le patronyme Vié est l'apocope de viédazé, qui veut dire «vit d'âne» en occitan, et par extension «visage du péché» (de luxure) qu'il est en fait censé symboliser monstrueusement - avec ses 70 cm en érection, l'âne est le mammifère mâle le mieux pourvu par rapport à sa taille-, notamment dans la sculpture romane. Ces deux mots sont toujours usuels en Occitanie, où viédazé reste un surnom courant de l'aubergine.
N'était-il pas logique que Blandine Vié, avec un nom pareillement prédestiné dont on pourrait dire qu'il signifie «celle qui caresse le sexe de l'homme», ne s'intéressât pas de près à ces inséparables compagnons de route?
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