« Pratique du traduire » est le titre d’un séminaire qui fait suite aux séminaires « Théorie » et « Critique du Traduire ». La distinction radicale entre les trois est évidemment partiellement factice, mais il fallait à la fois nommer chacun de ces séminaires et souligner une sorte de progression (souhaitée et souhaitable) dans l’apprentissage du métier de traducteur-traduisant, une fois admis que ce métier exigeait une formation : d’abord se familiariser avec la problématique (on ne traduit pas une langue, mais une littérature en langue ; la littérature traduite doit conserver en français ses caractéristiques, nous ne sommes pas là pour produire du bon français fluide), ensuite apprendre à lire des textes traduits en tant que textes traduits (ce que ne fait presque jamais la critique), enfin, sur la base de traductions existantes, écrire. Dans tous les cas, et c’est l’aspect le plus déroutant de la méthode pratiquée à l’Inalco et l’École de traduction littéraire du CNL, on travaillera sur diverses langues, indépendamment du savoir des apprenants. Il n’est pas nécessaire de connaître chaque langue pour savoir lire et corriger (modestement) un texte traduit. Il faut et il suffit de le traiter en tant que texte traduit, quels qu’aient été les choix du traducteur, même si son objectif – hélas trop fréquent encore – était de gommer ou d’effacer l’acte de traduire. Ce livre ou manuel, est le résultat d’une posture de traducteurs, c’estàdire le résultat des réflexions croisées de traducteurs enseignants d’une part, d’autre part le désir de faire des participants au séminaire, à leur tour, des traduisants. Ces réflexions sur des pratiques (que les champs littéraires embrasses peuvent rendre très hétérogènes) ne nous ont pas conduit à proposer un catalogue de réponses, de trucs et astuces ou une boite à outils. Il s’agit d’une série de questionnements soulevés par la pratique des textes (le traducteur est, avec l’auteur, le seul à connaitre le livre mot à mot), destinés à aiguiser un regard, une attitude. Le futur traducteur sera donc appelé à développer une démarche proche sur la base d’enquêtes collectives. Rien ne serait plus éloigné de notre pensée que d’imaginer en arriver à une solution unique. Mais nous nous refusons tout autant à en inférer que tout est relatif, tout est équivalent, que toutes les solutions se valent. Les solutions acceptables sont celles qu’aura dicté le texte à traduire.
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