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"Rentrez chez vous, mais c’est chez elle, dès qu’elle allume un écran, que cette folie déferle. C’est comme si, se dit Claire, l’intérieur et l’extérieur étaient sens dessus dessous, comme si la rue n’était plus l’espace de la rencontre mais celui de la séparation, comme s’il fallait s’enfermer pour avoir la preuve que les autres existent encore — les autres, ou ce qu’il en reste, les autres diminués, aseptisés, les autres altérés, sans profondeur, ni corps, ni odeur. Le monde s’est absenté et ne nous adresse plus que les signaux de sa perte, ses rayons toxiques d’étoile mourante. Le monde n’est plus dehors."
Que nous est-il arrivé avec la pandémie ? Pour la première fois, le roman s’empare de cette expérience inédite en décrivant la vie d’un immeuble fictif habité par huit personnages. Petite fille, ouvrier du bâtiment, étudiante, entrepreneur complotiste…, ils n’ont rien en commun, sinon qu’ils sont séparés. Au fil des saisons de confinement et de déconfinement, le texte élargit leurs chambres aux dimensions du monde et sonde, au plus près des émotions et des corps, leurs existences à la fois immobiles et bouleversées, leurs stratégies pour s’en sortir sans sortir. En ranimant notre mémoire collective à travers le souffle et l’intensité de son écriture, Gwenaëlle Aubry manifeste de façon jubilatoire la puissance libératrice de la fiction.