Publié pour la première fois en 1993, conçu lors de la
«guerre du Golfe», en 1991, cet essai est loin d'avoir perdu
de son actualité. Il paraît, au contraire, singulièrement
opportun à l'heure d'une mondialisation qui, au lieu de les
dissiper, ravive les peurs et les conflits, de rappeler au monde
que notre planète ne sera habitable qu'au prix d'une hospitalité
universelle.
L'hospitalité, placée dans l'Antiquité sous un patronage
divin, s'ouvre à l'imaginaire aussi bien qu'à la réflexion juridique.
Et le philosophe Kant a vu en elle le principe même
d'un droit international. Pourtant, les jugements hâtifs des
politiques ont tendance à la reléguer, comme une survivance
archaïque, dans les coulisses de l'histoire.
En la produisant en avant-scène, en l'exposant sous ses
différentes formes, René Schérer rappelle que l'hospitalité
excède le Droit qu'elle fonde, qu'elle assure le fonctionnement
de tout rapport à autrui et à soi. Elle préside au processus
d'une subjectivation tant individuelle que collective,
tant esthétique qu'érotique ; substituant, à la crainte de
l'étranger, la joie de l'accueillir.
Elle est, avant tout et finalement, une manière heureuse
d'exister. L'hospitalité s'adresse à nous comme la folie de
notre époque ; c'est-à-dire à la semblance de celle dont
Érasme, à l'orée des Temps modernes, faisait l'éloge, comme
sa vraie Raison.
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