Plus un écrivain est grand, plus on le rate. Plus il est fulgurant, plus vous êtes balourd, avec vos outils grossièrement taillés, vos grosses pattes sur la trace légère et profonde qu'il a laissée en vous, et qui est vous, qui s'est ajoutée à ce que vous êtes - c'est ce qui est si difficile à dire, précisément : ce que l'on est, ce que d'autres, par bonheur, ont fait de vous.
Florent Georgesco.
À l'Évidence, rien « qui pèse ou qui pose » dans la prose de Yasmina Reza, rien qui fige ; au contraire, un travail constant du rythme et de la fluidité.
Agathe Novak-Lechevalier.
L'ordre, le vrai, je veux dire l'harmonie inspirée par une idée principielle, comme la discipline chez Loyola, la distraction chez Disneyland, ou la cohésion à la Légion étrangère, est chose totalement absente de son oeuvre. Je crois que cela tient au fait qu'elle observe la première génération de démantibulés du téléphone portable.
Marin de Viry.
Tout comme Paris ces derniers temps se réapproprie son vieux fleuve sur des rives de sables blonds avec transats et parasols, [... ] voici venu le jour des prisons revivifiées et réaménagées par des experts en événements culturels.
Michel Hoëllard.
Babylone creuse le sillon des interactions humaines. Comme le personnage d'Elisabeth, la tonalité du livre est complexe, changeante, échappe à toute prédestination de genre. Elisabeth agit dans une sorte d'hypnose, de contagion mentale qui la lie à son voisin, sans accent macabre ni sensationnel.
Alice Bouchetard.
Les héros de Conrad et de Zeromski, pour ne nommer que Lord Jim, Charles Marlow, Piotr Rozlucki, Cezary Baryka, sont des « hommes nus », ils se coupent de leurs attaches, et après un acte de rupture fondateur avancent et se reconstruisent dans la lutte, dans le défi, et aussi et surtout, en poursuivant le rêve d'un destin admirable et d'une idée généreuse, celle qu'on réalise pour soi, mais aussi pour l'autre.
Anna Ciesielska-Ribard.
Il y a un peu de ça entre Houellebecq et Bellanger : deux manières singulières de s'interroger sur la dialectique entre le désenchantement du monde et nos tentatives désespérées de le prolonger symboliquement.
Benoît Heurtel.
Le rire kundérien naît de l'expérience soudaine de la perte de tout sens et de toute valeur. Pourtant, l'oeuvre de Kundera est entièrement étrangère à l'ultra-relativisme et au nihilisme qui nous asphyxient.
Bruno Maillé.
C'est là la pénible vérité de notre condition. Et c'est ce fantôme de vie que combat discrètement Enrico Tealdi en peignant, coûte que coûte, des lieux. Lieux vides, lieux littéralement sans intérêt. Mais lieux tout de même, poétiquement habitables, selon le voeu d'Holderlin.
Olivier Maillart.
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