Elles sont filles de parents maghrébins immigrés en France. Leurs pères sont ouvriers, artisans, chômeurs ou retraités, l'un fut officier de gendarmerie. Elles sont nées à Nanterre, à Bobigny, Sartrouville, à Paris dans le vingtième, dans la banlieue nantaise ou à Roubaix et y ont grandi. Elles ont dix-huit à vingt-sept ans, sont lycéennes, étudiantes, animatrices, secrétaires, restauratrices ou " au chômage ". Quelques-unes ont un compagnon, l'une est mariée, une autre divorcée, la plupart sont célibataires. Elles sont mes amies. Trois d'entre elles sont mes nièces adoptives depuis vingt ans déjà. Toutes ont parlé sans réticence, contentes d'être écoutées par une auditrice attentive, française, ethnologue, spécialiste de la culture de leurs parents, ainsi à même de comprendre leurs difficiles et douloureux problèmes. En effet, elles sont partagées, parfois déchirées entre leurs aspirations personnelles de jeunes femmes en France et le désir, bien différent, de leurs parents, qui auraient voulu les voir devenir ces " femmes bien ", modèle de femme maghrébine. Diverses ont été leurs conditions de vie, divers leurs rapports avec parents et frères, leurs connaissances de la religion, du Maghreb, leurs scolarités, leurs activités et relations éventuelles hors de la maison paternelle, leurs attitudes envers l'autre sexe, leurs propres désirs de famille et d'enfant, leurs problèmes d'identité et de nationalité, enfin pour certaines d'entres elles déjà, leur participation à la vie active en France. À travers leurs discours sur toutes ces questions - une centaine d'heures d'entretiens -, sont analysées les conditions et les circonstances, les constances et les variables susceptibles de freiner ou de favoriser leurs dispositions à l'intégration.
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