Entre philosophie et psychanalyse, nulle correspondance, si l'on entend par là l'accord
harmonieux de leurs discours. «Antipathie des discours», précisait Lacan.
En revanche, au sens épistolaire du mot, les correspondances entre elles n'ont pas
manqué, qui sont autant d'interpellations réciproques.
Car les psychanalystes ne peuvent ignorer ce que l'histoire de leur théorie doit à la
conceptualité philosophique et même à l'expérience philosophique de la pensée.
Réciproquement, les philosophes ne sauraient conjurer l'ébranlement que la psychanalyse
a fait subir aux illusions métaphysiques et qui les appelle à la «reprise»
- qui est bien plus qu'une simple réforme - de leur questionnement et de leur
discours.
Psychanalystes et philosophes s'obligent ainsi à se répondre. Entretenir cette correspondance
fait leur commune responsabilité. Car ni les uns ni les autres ne peuvent
se tenir pour quitte du devoir de questionner l'abîme qui fait le fond sans fond
de l'existant-parlant.
Énoncées par un philosophe, les «adresses» qu'on lira ici participent de et à cette
correspondance. Sur les terrains éthique, politique, esthétique, sur des concepts
aussi essentiels que ceux de pulsion, d'angoisse, de semblant, sur les questions de
l'université, de la langue, de l'exclusion sociale, elles sont aussi bien des manières
d'interroger la psychanalyse que des façons de répondre à ses interpellations.
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