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Ce livre renferme des détails curieux sur les mœurs, usages, cérémonies religieuses, le système militaire, etc. des Cahnuagas, des Indiens des Cinq et Six Nations, Mohawks, Connecedagas, Iroquois, etc., des Indiens chippeways, et autres Sauvages de diverses tribus… avec un état exact des postes situés sur le fleuve Saint-Laurent, le lac Ontario, etc.
John Long, interprète de langue indienne, est engagé pour les besoins de sa profession, à vivre longtemps au milieu des Indiens ; doué de cet esprit d’observation nécessaire à celui qui visite des climats habités par les hommes de la nature, il ne s’est pas borné à des détails de commerce, quoique fort intéressants par eux-mêmes : son journal est rempli d’instructions utiles sur les mœurs, usages, opinions religieuses et politiques, les cérémonies, les jeux de diverses tribus de ces peuples parmi lesquelles il a vécu. On y lira, non sans beaucoup d’intérêt, l’histoire simple de ces hommes qui doivent à l’orgueil des nations de l’ancien continent, plus peut-être qu’à leur vie grossière, le nom de Sauvages, et dont la plupart démentent souvent par des actions nobles et touchantes, cette injurieuse dénomination.
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EXTRAIT
Ayant pris, fort jeune encore, l’engagement de me rendre dans l’Amérique septentrionale en qualité de commis, je quittai Gravesend le 10 avril 1768, à bord du Canada, capitaine Smith, chargé pour Québec et Montréal. Notre voyage fut agréable jusqu’au moment où nous touchâmes les côtes d’Amérique. Le temps devint alors contraire, et nous fûmes obligés de relâcher à Terre-Neuve où nous restâmes quatorze jours. Il ne nous y arriva rien de remarquable, si ce n’est qu’une partie de nos gens étant allée à terre pour chasser. L’un d’eux, M. Jourdan, passager chargé pour Montréal, qui se trouva très fatigué, resta dans les bois. Les autres revinrent à bord vers le soir, non sans inquiétude sur le sort de leur compagnon. Après quatre jours d’une pénible attente, ne pouvant avoir aucune nouvelle de lui, nous perdîmes toute espérance de le revoir ; et comme la neige était fort épaisse sur terre, et le nombre des bêtes féroces, très considérable, nous présumâmes, ou qu’il était mort de froid, ou qu’il avait été dévoré par les animaux. À l’instant où le capitaine se disposait à remettre à la voile, vint à bord un Indien auquel nous nous efforçâmes d’expliquer notre embarras. Il parut nous comprendre, et nous fit signe que son intention était d’aller à la recherche. Nous lui donnâmes quelques coups de rhum pour l’encourager : il descendit dans son canot et rama vers la terre. Le capitaine différa de quelque temps, par humanité, de poursuivre le voyage ; mais l’Indien ne revenant point, nous quittâmes Terre-Neuve, et après une ennuyeuse traversée de près de onze semaines, nous arrivâmes à Québec, capitale du Canada.
A PROPOS DE L’AUTEUR
L’auteur anglais, John Long, commença par travailler pour la Hudson’s Bay Company en 1768. Trafiquant de fourrure, il circula ensuite pendant près de vingt ans parmi les Indiens d’Amérique du Nord.
Jean-Baptiste Billecocq (1765-1869), le traducteur, était avocat et écrivain parisien. On lui doit des traductions de voyageurs britanniques essentiellement.