Le discours officiel sur Voltaire (enseignement et médias) est gravement
lacunaire : il tait en effet, ou estompe beaucoup, ce qui
chez lui dément l'image de l'inlassable promoteur de la tolérance
et de l'humanisme.
C'est ce qu'oeuvre à montrer le nouvel ouvrage de Xavier
Martin. Poursuivant, dans les sources du XVIIIe siècle, les investigations
tenaces qui ont donné déjà des fruits inattendus, l'auteur met
au grand jour la face ou les facettes ordinairement cachées du «roi»
des philosophes : mépris réfléchi des humains en masse, ainsi
qu'en détail (il répétera que les Calas sont des «imbéciles»), haine
de nombreuses catégories, souvent morbide, jusqu'à certains fantasmes
d'extermination (relativement aux Turcs, relativement aux
juifs...), accointances policières et gouvernementales dont il use
pour réduire au silence les jeunes auteurs irrespectueux à son
endroit (jusqu'à les faire embastiller lorsqu'il le peut), orgueil
social, allergie maladive à la contradiction, délire verbal contre
Rousseau, goût anormal pour le néant, acharnement pathologique
contre les morts à la consternation de ses propres amis, etc., etc.
Truffé de citations fréquemment saisissantes, et strictement
référencées, ce livre aisé à lire jette une lueur inattendue, qui
donne beaucoup à réfléchir, sur l'humanisme des Lumières et sur
l'image un peu flattée qu'à l'ordinaire on en propose.
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