Chatoyante et fragile, désopilante et meurtrie, voici Virginia Woolf
dans le récit bouleversant donné par Viviane Forrester. La présence
de Virginia nous fait trembler d'émotion, souvent ployer de rire,
parfois la détester. Elle est avant tout différente de la légende
tramée par son mari Leonard, qui se forgeait une carapace en
projetant sur elle ses propres troubles.
Dans la ronde brillante et mouvementée de ceux qui l'entourent
au long de sa vie, chacun révèle des secrets, des masques jusqu'ici
négligés.
Surtout, jaillit à vif, à nu, dans la plénitude ou dans les affres, une
femme apte à étreindre le monde, dont elle guette le vrai langage et
les silences. Une femme qui eut à subir son génie, à s'efforcer de le
faire accepter par les siens. Une femme qui aura pu dire : «Je sens
dans mes doigts le poids de chaque mot», avant de répondre à
«l'étreinte» promise par la mort en allant se noyer, les poches pleines
de pierres, dans la rivière Ouse. Un suicide dont on découvrira certaines
raisons passées inaperçues.
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