L'histoire du musée national des Arts et Traditions populaires (Atp),
qui a commencé à la fin des années 1930, se termine au printemps 2005
par une fermeture définitive. Pour Martine Segalen, qui a dirigé pendant
dix ans le Centre d'ethnologie française, laboratoire rattaché au musée,
c'est «un crève-coeur, la fin d'une aventure et l'enterrement d'un grand
projet». C'est aussi le moment de revenir sur cette histoire riche d'enseignements
sur les rapports entre politique et culture, beaux-arts et arts
populaires, identité, nation et patrimoine.
À l'origine des Atp, il y a d'abord la folle ambition d'un homme,
Georges Henri Rivière, visionnaire, passionné et prêt à tous les revirements
idéologiques pour mener à bien son dessein. Présenté comme une
vitrine du peuple au temps du Front populaire, un temple des traditions
soutenu par la Confédération paysanne sous Vichy et un lieu de modernité
scientifique et muséographique après la guerre, son musée est finalement
installé, en 1972, dans un bâtiment flambant neuf construit au bois de
Boulogne. Une apothéose, qui donne à l'ethnologie de la France, jusque-là
parente pauvre de l'ethnologie exotique, une légitimité nouvelle. Mais
un succès de courte durée car, dès la fin des années 1980, alors qu'en
province le mouvement des écomusées suscite un engouement croissant,
les visiteurs se font rares, le soutien de la direction des musées de France
fait défaut et l'établissement s'enlise dans la crise qui lui sera fatale.
En s'appuyant à la fois sur des archives inédites et sur une expérience
vive, Martine Segalen offre, dans ce livre rigoureux et personnel, une
réflexion de fond sur le devenir des musées d'ethnologie en France, pris
entre tutelle publique, enjeux politiques et évolutions de la société.
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