Victor Hugo et les magistrats
Victor Hugo est le seul à avoir prononcé autant de condamnations ad hominem contre les magistrats de son pays, et surtout contre les magistrats de son siècle. Le XIXe siècle en effet cherche son présent et s'interroge sur son avenir. Quel régime politique ? Quelle place pour les juges qui occupent alors une place sociale et politique tout à fait inhabituelle ?
« L'homme-siècle » participe à tous ces débats et prononce ses condamnations en poète plutôt qu'en historien ou en romancier. La poésie, selon lui, ne peut en effet se limiter à l'amour du beau comme le soutiennent Gautier ou Verlaine ; l'utile grandit le Beau. Il croit à la puissance politique de la poésie, et se résout, car c'est son devoir, à appliquer son Châtiment aux juges sanguinaires, mais ses cibles sont surtout ces hauts magistrats impériaux qui ont vendu leur âme au parjure vivant, à Napoléon le petit. Avec une violence verbale qui rejoint parfois l'invective voir l'injure, il broie « ce tas de gueux », Bellart, Delangle, Devienne, Dupin, Legagneur, Pinard, Séguier et Troplong...
Les faits qui ont déclenché le courroux du poète sont parfois évidents mais il faut la plupart du temps les rechercher dans les grandes affaires judiciaires du siècle de l'homme-Océan.
Le juriste, mais aussi le citoyen d'aujourd'hui, ne pourra que constater d'une part, quels considérables changements a effectué le monde des juges depuis Hugo, et d'autre part que si aucun juge ne sanctionna ces magistrats iniques, c'est la poésie qui les condamna à la plus sévère des dégradations, celle de l'Histoire.
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