Vichy au Canada
L'exil québécois de collaborateurs français
Après-guerre, des miliciens compromis en France sous l'Occupation se sont réfugiés au Québec pour fuir l'épuration. Moins que leur nombre, c'est l'écho de leur présence dans la société québécoise qui surprend. En effet, l'ampleur de la mobilisation politique et sociale à leur sujet fut telle que l'on a pu parler à juste titre d'une « affaire Bernonville », du nom du plus connu d'entre eux. Dès lors, centré sur cette « affaire des réfugiés politiques français » qui fit grand bruit au Canada entre 1948 et 1951. le livre propose tout à la fois un retour sur l'événement, sa mémoire et l'écriture de son histoire. Il offre ainsi une histoire connectée entre la France et le Canada français.
À travers les itinéraires singuliers d'une poignée de miliciens exilés, l'étude contribue d'abord à revisiter l'histoire de Vichy et de sa postérité. De même, on découvre celui des soutiens de Vichy « hors les murs », via au Québec la présence d'une minorité d'activistes de droite, appartenant à la mouvance clérico-nationaliste, qui constitue le noyau dur de « l'accueil collabo ». À une autre échelle, ce livre s'inscrit dans l'histoire des politiques suivies par le Canada à l'égard des collaborateurs européens ou présumés criminels de guerre de 1945 à nos jours. On y mesure alors l'impact de la guerre froide mais aussi celui du réveil mémoriel des années 1980-1990 sur fond de centralité nouvelle accordée à la Shoah et de mondialisation de sa mémoire.
Cette histoire d'exil de collaborateurs français est également une histoire d'entraide aux « victimes de l'épuration ». Une histoire de circulation d'hommes et d'idées qui croise anciens et nouveaux réseaux au coeur d'une nébuleuse néo-Vichyste. Ainsi ce livre, tout en contribuant à une histoire internationale de l'épuration en France, interroge aussi ce que sortir d'une guerre veut dire.
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