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Si Henri Michel — éminent spécialiste de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale — a choisi d’étudier particulièrement les six premiers mois du gouvernement de Vichy, c’est qu’au cours de cette période furent prises les trois options fondamentales du régime, qui devaient définitivement l’engager : l’instauration de la « Révolution nationale », la rupture avec la Grande-Bretagne, la collaboration avec l’Allemagne — options qui ne découlaient pas nécessairement de la demande d’armistice. Qu’il s’agisse de l’Assemblée nationale du 10 juillet, des mesures de répression prises par le nouveau régime, de l’application de la convention d’armistice par le vainqueur, des vues de Hitler et de Mussolini sur la France, des divergences qui ont pu s’élever entre Weygand et Laval, du rôle de Darlan, des idées personnelles de Pétain, de la vie à Vichy, des réformes sociales et économiques, des relations avec la Grande-Bretagne et avec les États-Unis, tous ces problèmes, et bien d’autres encore, s’éclairent d’un jour nouveau. Naturellement, c’est à retracer la « collaboration », sa genèse, l’idée que s’en faisaient les gouvernements de Vichy, les résultats qu’ils en escomptaient, que Henri Michel s’est surtout appliqué. L’exploitation des documents allemands et des documents américains lui permet de déceler les intentions et les arrière-pensées, de comprendre pourquoi a eu lieu l’entrevue de Montoire, et de retrouver les véritables raisons du renvoi de Pierre Laval. La politique du gouvernement de Vichy n’est pas jugée d’après l’optique de la victoire alliée en 1944, mais replacée dans la sombre lumière du moment où elle fut conçue ; ainsi apparaissent les erreurs de prévisions qui sont à son origine. Mais, même la relation des premiers gestes de la résistance clandestine, tirée des papiers des troupes d’occupation, n’a jamais été traitée de cette façon, qui montre comment elle est née d’une réaction spontanée de la population.