« Si l'on veut bien admettre en effet que l'art est ce qui permet de faire respirer l'univers de nos représentations collectives en y faisant jaillir l'oxygène du réel : si l'on veut bien admettre qu'il a une fonction vitale comparable à celle du rêve dans la vie psychique individuelle, qu'il est en somme le rêve du monde (à tous les sens du terme de rêve), alors force est de reconnaître que Gauguin visait juste en disant de la critique qu'elle est non pas la " vigie vigilante " qu'elle devrait être mais " notre censure " »
Au départ, et confronté au malaise contemporain de la critique littéraire, il s'agissait d'écrire un article prônant une « critique de témoignage » plutôt que de jugement. Encore fallait-il désigner ce dont il s'agit de témoigner. C'est là qu'intervient la notion de « verticalité », qui permet, en s'appuyant sur Bachelard et Mallarmé aussi bien que Proust, Kafka, Artaud ou Barthes, d'évoquer ce qui anime les oeuvres, ce qui justifie qu'on s'y consacre (lisant, écrivant), mais qui les excède, que l'on ne peut qu'éprouver, et certainement pas mesurer, juger, cataloguer. Une dimension verticale qu'il est d'autant plus difficile de faire entendre dans l'espace médiatique que l'« univers communicationnaire » qui est le nôtre la récuse chaque jour davantage.
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