Considéré comme l'une des plus belles réalisations de l'art français, lieu du pouvoir qui dit le pouvoir, objet savamment décortiqué, Versailles est devenu la France : l'histoire incorporée en un palais et ses jardins. En vérité, une partie du lieu, animal, organique, vivant, a définitivement disparu après 1789. C'est cette autre histoire que raconte ce livre original, qui sape l'histoire officielle du rapport entre pouvoir et nature en France.
On croit bien connaître Versailles – son château, ses perspectives étudiées et ses jardins au cordeau –, ce lieu du pouvoir qui se met majestueusement en scène et incarne à lui seul la France et son histoire.
Le domaine actuel de Versailles ne représente pourtant que le dixième de celui d'autrefois. Au sein de l'immense Grand Parc, dynamique, vivant et giboyeux, les habitants des villages enclavés comme la nature devaient se soumettre au bon vouloir du roi. Car, à Versailles, le monarque veut chasser en toute saison, voir jaillir les grandes eaux sur un site austère. Rien n'est trop grand pour faire plier la nature : on convoque la science pour construire un réseau hydraulique pharaonique, des murs d'enceinte pour parquer le gibier, dont l'abondance nuit aux cultures. Mais la nature et les hommes résistent : les animaux s'échappent ou se multiplient, incontrôlables, les paysans se jouent des contraintes, braconnent, volent du bois, détériorent les réseaux. On renforce les frontières, règles, contrôles et sanctions. Souvent en vain.
C'est à la découverte de cet autre Versailles, animal, organique, que nous convie Grégory Quenet, loin du stéréotype d'une nature aménagée, rationalisée et contrôlée, " à la française ". Une visite passionnante qui prend à revers l'histoire officielle du rapport entre pouvoir et nature en France.
Prix François Sommer 2016
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