Vers les confins
« Quitter la terrasse de la Shanghai Library ? Vous n'y pensez-pas ? Hypnotisé par le paysage circulaire qui tournait tout autour de moi, par les tigres qui sautaient sur les tables et mordaient dans les nuages, et parce qu'il paraissait impossible de se lever après tant d'alcool et de vertige, Mignatte souleva doucement le poids mort que j'étais devenu et m'accompagna charitablement jusqu'à mon taxi. »
Explorateur de sensations, aventurier des mondes intérieurs, j'écris d'un pays lointain, attentif aux rumeurs souterraines, aux télescopages d'histoires, aux moments les plus imprévisibles de l'existence, aux réminiscences incertaines. Il se passe quelque chose, et l'écriture en retrouve l'épaisseur, dénoue les fils de coïncidences qui ont précipité l'avènement de ce bouleversement intérieur, cherche un langage pour dire, pour nommer les faits.
L'épiphanie vient quand on ne s'attend précisément à rien : se laisser surprendre par le minuscule, accepter la dérive, l'illusion du déjà-vu, les hasards qui n'en sont pas. L'épiphanie favorise la fiction, notre capacité à dire ce qui n'existe pas. Walter Benjamin parlait d'illuminations profanes, de main heureuse. En marche vers les confins, j'arpente les routes de l'arrière-pays, d'un continent dont s'estompent peu à peu les rives. Perceptions et voyages dessinent des territoires parallèles.
Le long de la frontière qui sépare Mongolie et Russie, de l'Inde à la Chine, Vers les confins rassemble une quinzaine de récits publiés dans des revues et des ouvrages collectifs : ce montage permet d'appréhender les tensions entre l'écriture et la pensée, entre le voyage intérieur qui produit du texte, la littérature qui nous emmène ailleurs, et le voyage réel qui favorise l'ensemble.
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