Le 5 septembre 1798, à la fin du Directoire, la loi Jourdan institutionnalise les expériences de la Révolution et fait triompher le principe selon lequel tout citoyen se doit à la défense de la Patrie. Désormais, et pour deux siècles, les Français n’envisagent pas d’autre voie pour fonder une armée nationale que celle qui recourt à la conscription. Instrument essentiel de l’État-nation centralisateur, la conscription est aussi un facteur d’unification nationale. Toutefois, certaines régions lui opposent une résistance qui alimente la légende noire de l’institution. On en oublierait presque les régions qui l’ont acceptée dès le Consulat et l’Empire. Tel est le cas de la Seine-et-Marne. La facilité et la rapidité avec lesquelles s’effectue la levée du contingent, ainsi que la faiblesse de l’insoumission déclarée sont des signes de cette adhésion, même si l’obéissance de la population dont se félicitent les préfets successifs n’exclut pas l’usage occasionnel de biais, légaux ou illégaux, pour échapper à la conscription. À quelques nuances près, cette acceptation se maintient encore pendant les « années sombres » de la fin de l’ère napoléonienne. Le long terme et le court terme se conjuguent pour expliquer l’enracinement de l’institution en Seine-et-Marne. Pays de grande culture, au cœur de l’État-nation, ouvert à l’influence de Paris qu’il approvisionne, où rares sont les communautés rurales repliées sur elles-mêmes, le département a répondu favorablement aux levées révolutionnaires qui ont précédé celles de la conscription. La Seine-et-Marne est emblématique de ces régions où le degré de développement économique et culturel ne fait pas obstacle à la réussite de la conscription, signe de leur ancrage dans la modernité.
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