Troisième livre publié d'Anne Carson, Verre, Ironie et Dieu propose un ensemble de textes aux genres variés, tous traversés par une même perspective critique et féministe : récit en vers (mêlant une relecture des Hauts de Hurlevent à des scènes de vie quotidienne), poèmes théologico-philosophiques, reportage parodique, pseudo-guide de voyage, imitation d'un texte biblique, essai théorique... Dans Le genre des sons qui clôt le livre, Anne Carson s'interroge sur les valeurs morales prêtées traditionnellement aux sons, et particulièrement aux voix féminines si souvent décriées. Appuyée sur la lecture de textes antiques, l'analyse qu'elle y mène éclaire rétrospectivement tout le livre : « C'est en grande partie d'après les sons qu'émettent les gens que nous les jugeons sains d'esprit ou fous, masculins ou féminins, bons, mauvais, fiables, dépressifs, mariables, moribonds, susceptibles ou non de nous faire la guerre, à peine supérieurs à des animaux, inspirés par Dieu. »
À la lecture de ces quelques lignes et de l'ensemble de ce livre paru pour la première fois en 1995, on mesure, quelques décennies plus tard, l'importance de sa vision novatrice aussi bien pour les études de genre que pour les approches poétiques contemporaines.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.