Conflit le plus meurtrier qu'ait jamais connu l'Europe, la Seconde
Guerre mondiale s'invite dans tous les domaines de la société,
jusqu'aux plus hautes instances politiques : elle est l'inévitable
référent des débats et des commémorations actuelles, à l'échelle
du continent. Or elle n'a, évidemment, pas été vécue de la même
manière par les agresseurs et les populations réfugiées ou déportées,
et la mémoire s'en est constituée différemment selon que les
États concernés se trouvaient, par la suite, d'un côté ou de l'autre
du rideau de fer. Et aujourd'hui, la difficulté que rencontrent certains
à reconnaître l'extermination des Tsiganes, les réticences face
à la révélation des crimes de la Wehrmacht, l'embarras face à l'ampleur
des bombardements alliés, de Dresde à Hiroshima, prouvent
que l'histoire est d'abord nationale, et qu'elle s'élabore à travers des
représentations soigneusement codifiées.
Le vecteur privilégié de ces vérités officielles, ce sont les manuels
scolaires, voués à inscrire dans les esprits une version immuable
- qui pourtant change au fil des avancées de l'historiographie et de
la demande des sociétés civiles. À travers l'étude de plus de 300 d'entre
eux, nous plongeons ici au coeur de ces mémoires antagonistes.
L'histoire européenne du continent reste à écrire...
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