Les Crétois ont vécu près de cinq siècles sous domination vénitienne, du début du xiiie siècle au milieu du xviie. Ce fut une véritable entreprise de colonisation : un pays étranger et lointain débarque, prend le pouvoir, s’arroge les meilleures terres qu’il distribue à ses colons, établit son administration ses règles, ses impôts, sa justice, sa religion, sa langue, ses divisions sociales, ses principes économiques... à son avantage. Un système centralisé, contrôlé, mais capable d’évoluer au fil du temps en prenant conscience des réalités. C’est l’objet des premiers chapitres. C’est aussi une expérience humaine exceptionnelle de coexistence entre deux populations, où à la fois s’affirment et se mêlent les identités. Les Crétois n’ont jamais réellement accepté la domination, près de trente révoltes le prouvent, et les Vénitiens jusqu’au bout se méfient d’eux et refusent de leur confier des armes pour la défense de l’île. Néanmoins, les populations se côtoient, des mariages mixtes ont lieu, des églises s’ouvrent aux deux cultes, et les contacts culturels se multiplient ; c’est ainsi que naîtra la Renaissance crétoise, floraison artistique unique. Les colons, toujours minoritaires, sont‐ils encore des « colons » au bout de plusieurs siècles ? La Crète, après Venise, est‐elle différente ? Ces phénomènes qui touchent à l’humain forment la seconde partie du livre, qui ne peut que se clore sur la conquête turque.
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