Dans Vaudou, mieux que dans n'importe quel autre de ses films, Jacques Tourneur transforme les maigres moyens dont il dispose en matière poétique. Et sa grande modestie ne doit pas nous empêcher de voir cette oeuvre comme l'une des plus singulières et audacieuses du cinéma américain.
La Féline, titre le plus célèbre de sa filmographie rare et variée, a souvent cantonné Tourneur dans le rôle de maître de l'épouvante et du hors-champ. Mais dans Vaudou, son chef-d'oeuvre, le trouble et l'incertitude sont d'une autre nature : le suspense est désamorcé et plus grand-chose ne restera caché. Ici, loin de l'efficacité hollywoodienne, les oppositions et les limites s'abolissent progressivement : comme dans une cérémonie vaudou, tout se déplace, tout s'ouvre, tout se suspend. Et, contrairement à la plus tenace des idées reçues sur le cinéma de Tourneur, tout finit par apparaître.
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