Variétés de la mort
Sous l'égide de Nietzsche (« La vie n'est qu'une variété de la mort, une variété fort rare. »), ce recueil de nouvelles publié en Corse en 2001 confronte quelques humains à leur insupportable trivialité, avec une ironie mâtinée d'authentique désespoir. Des professeurs plus intéressés par leur libido ou leur carrière que par leur mission éducative aux indépendantistes armés plus stupides que militants, les personnages s'agitent en une affligeante tentative de tromper le vide, l'ennui et l'absurdité de toute existence. Avec la férocité et l'audace de la jeunesse - avec la légitimité de ses origines corses aussi -, Jérôme Ferrari torpille au passage, de la manière la plus iconoclaste qui soit, les valeurs mythiques de l'Île de Beauté.
Douloureusement habité par la colère et le dégoût face à ces échantillons d'une basse humanité dont il n'exclut pas son double supposé (le narrateur occasionnel), l'auteur, loin de cette forme d'apaisement par la compassion qu'on perçoit dans Le Sermon sur la chute de Rome, entrevoyait déjà que seule la littérature a une chance de sauver les hommes de leur médiocrité.
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