Dans quelle mesure la réflexion valéryenne est-elle opposable à la métapsychologie freudienne des actes de pensée ? Surtout lorsque de tels actes édifient un système éclaté, dont les fragments permettent l'organisation d'un savoir partiel, «définitif» dans l'instant où il est appréhendé et qui a la propriété de se relancer indéfiniment - comme le désir : le désir de connaître, le désir de ne pas connaître ?
La lecture des premiers Cahiers de Valéry (1894-1905) est ici confrontée aux textes fondateurs de la première topique freudienne, de l'Esquisse (1895) aux Trois essais sur la théorie sexuelle (1905), et au-delà jusqu'à L'inquiétante étrangeté (1919) - dans quatre moments épistémologiques restreints.
Ces moments relatent l'ambition croisée de Freud et de Valéry de construire un modèle de l'appareil psychique s'appuyant sur les quantités discrètes du fonctionnement psychique et les états de moindre conscience. A l'instar d'un rêve éveillé, l'extension valéryenne du domaine de la conscience bute à représenter ce lieu de passage impossible entre l'exigence tensorielle de la pulsion et le désir d'en penser le détournement comme savoir. Les actes de connaissance sont ici examinés sous l'angle de leur retentissement corporel, de l'intime à l'automate. Valéry calcule le caractère prédictible de telles figures de la pensée subjective, entre invention et oubli actif, tandis que Freud y incarne à rebours le sujet dans la séquence brisée des moments de son destin. Mais il s'y trouve une inquiétude commune, projection du sujet analytique, qui pose non plus la question aporétique de la pensée de la machine mais son retournement dans la machination de la pensée.
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