Traduit de l'américain par Jérôme Jacobs
Pour tous ceux qui, éblouis, ont aimé Un tramway nommé Désir ou Sur les quais, Elia Kazan est d'abord, et surtout, le dernier mythe vivant du rêve américain et de son cinéma, de ses légendes, de son épopée glorieuse. Pourtant, ce Grec d'Anatolie arrivé aux États-Unis à l'âge de quatre ans, n'est pas un mythe simple. Dans cette autobiographie, assez unique en son genre, on découvrira ainsi, et à la faveur d'une terrible lucidité, son goût de la dissimulation, sa double nature et la troublante ambiguïté dont le cinéaste - comme l'écrivain de l'Arrangement et de America America - s'est fait une étrange réputation.
Une vie raconte aussi comment, dans les années trente, Elia Kazan devint membre du Parti communiste sous l'influence du Group Theatre animé par Harold Clurman et Lee Strasberg (le futur «mage» de l'Actors Studio dont Kazan aura l'idée vingt ans plus tard...). Mais, bien vite, il en démissionne et, lorsque McCarthy déclare ouverte la chasse aux sorcières, Kazan accepte de témoigner devant la Commission des activités antiaméricaines. Beaucoup de ses amis ne lui pardonneront jamais et l'on attendait, sur ce sujet, ses aveux les plus graves.
Aujourd'hui, Elia Kazan, cet homme pétri de contradiction et de générosité, abat son jeu, tout son jeu, et il révèle ce que furent vraiment ses «revirements» politiques, ses relations avec ses trois épouses, la genèse de ses films. Sous sa plume, c'est la résurrection de Hollywood, avec ses fantômes glorieux, de Zanuck à James Dean, de Marlon Brando à Sam Spiegel ou Vivien Leigh.
Si, désormais, Elia Kazan refuse qu'on le juge, c'est parce que le doute ne l'a jamais quitté. Il admet ses faiblesses. Il les revendique, il est pour lui-même le plus sévère de ses accusateurs. Une vie est son ultime confession. Il l'a écrite avec l'encre du destin.
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