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Sarah, sans le savoir, avait son Ordre : la danse. Étoile à l’Opéra de Toulouse, elle dormait bien la nuit. La maladie vient interrompre le rituel et l’amène à vivre à Paris, pour consulter. Ce temps vide, sans barre, sans autre objet que de guérir, elle l’emplit d’une liaison peu compromettante. A la rentrée, elle dansera « Petrouchka ». Antoine, avocat doué pour l’ennui, a dix ans de plus, une épouse parfaite, un fils. Il habite le XVIe. Il écrit en se félicitant de n’avoir rien à dire, il joue aux échecs : sa drogue. Sarah lui offre une plaisante diversion, mais ne tarde pas à l’irriter. C’est une double aliénation que nous suivrons pas à pas. L’inoculation de l’esprit dit « parisien », scepticisme et mélancolie, bavardage et whisky, la grande peine à se lever, le matin — à quoi bon ? — sur un esprit vite dérouté par le sentiment de son infériorité. L’incubation d’une maladie qui devient réelle dès lors qu’on la soigne, redoutable parce qu’on la craint. L’obsession des crises, des diagnostics, des traitements, des calmants, des rechutes, le naufrage dans une mentalité de malade. « Et si tout cela était de ma faute ? »... Les méfaits de la médecine psycho-somatique. Amour, souffrance physique, rêves : « en septembre, Petrouchka », la fuite. Une danseuse qui perd pied en perdant sa passion, qui se retrouve encombrée de son temps, de son corps, privée de sens. Un égoïste qui se prend pour un dresseur de fauves. Un couple, un être qui partent à la dérive. Une histoire déprimante, comme sait en écrire la vie, mais contée avec le talent allègre, doux-amer, d’une romancière à qui la vie a appris à écrire.