Des politiciens, des historiens, des «témoins» ont trouvé dans les
forces de l'ordre un exutoire commode aux incertitudes des Français
pendant les années de l'Occupation. Tout n'aurait été possible que par
la soumission totale des policiers aux desiderata des Allemands. Dès
lors n'ont été mis en relief dans les livres sur l'époque que les différents
aspects de ce qu'on a appelé la «collaboration policière», qui n'était en
fait, le plus souvent, que l'application des lois de l'État français, dont
l'inexistence a été proclamée rétroactivement. Cette «collaboration»
a fait l'objet de nombreux ouvrages, qui en complètent d'autres, plus
généraux, mais qui n'oublient pas d'évoquer le sujet. Il n'est certes pas
rare d'y croiser au détour d'une page des preuves de comportements
«déviants» de la part de policiers - ou de gendarmes. Mais nul n'avait
jamais souhaité se pencher spécifiquement sur cet aspect des choses au
sein de l'institution policière.
C'est cette Résistance oubliée qui est ressuscitée ici : la surprise est
qu'elle fut plus précoce, plus abondante et plus active qu'on ne
l'imaginait. Les archives et témoignages de l'époque ou de l'immédiat
après-guerre fournissent un aveu sans équivoque, certes sur les
compromissions de l'institution, mais aussi sur l'héroïsme d'une forte
minorité de policiers, malgré les risques lourds qu'ils couraient au sein
d'une «maison» parcourue, à l'image de la société française, de
courants divergents. Une masse passive aux comportements variés,
une minorité dangereuse de «légalistes zélés» flirtant avec la
collaboration, quelques admirateurs du Grand Reich, les multiples
dénonciations populaires, la surveillance allemande, rendaient la
résistance des policiers plus dangereuse qu'au sein de toute autre
structure.
Ce sont ces braves de l'ombre qui sont ressuscités par ce premier
tome, ciblé sur l'ex-département de la Seine (la Préfecture de Police).
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