Tranche de vie ou tranche de mort ?
Ham, témoin d'une partie tragique de l'Histoire du Viêt Nam, n'a-t-il pas traversé
deux guerres, celle des Français, et celle des Américains, n'a-t-il pas vécu tant de
déchirements ?
Pourtant Ham ne veut pas témoigner d'autre chose que du riz qui pousse et des
êtres aimés qui meurent.
Ni chrétien, ni bouddhiste, il est impreigné d'animisme. Les mains jointes, à plat
l'une contre l'autre, il s'envole parfois vers un espace mystérieux ou se dissolvent
les pensées, les prières et les volutes de fumées provenant des baguettes d'encens
qu'il offre à ses ancêtres.
Enfant du Tonkin profond, il n'a jamais quitté le Nord du Vietnam. «Sujet de l'oncle
Ho» (Ho Chi Minh), il ne lui a jamais porté d'autres respects que ceux qui l'on doit
au Aînés devenus sages grâce à l'expérience du temps qui passe. Ham est-il un
homme d'indifférence ? Non, il est simplement un être humain, un laboureur, dont
l'espérance est représentée par toutes les sortes d'éclosions, humaines ou végétales.
Éduqué selon les règles confucianistes, il les ne les a pourtant pas vraiment admises
ou comprises. La hiérarchie du pouvoir et les pouvoirs des hiérarchies l'ont quelque
peu choqué à certains moments de sa vie et, sûrement, à celui de sa mort.
Pourquoi obéir à la feuille morte plutôt qu'à la pousse jeune et riche en promesses
de vigueur et de santé ? Des pensées comme celles-là, on les garde pour soi : Il ne
faut pas faire perdre la face aux anciens.
Jacques Danois se fait biographe des inconnus vietnamiens qui sont la chair et le
sang de ce pays de tendresse cruelle.
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