«Parfois, je me disais : il est fou, ce type. Il invente au fur
et à mesure. Il n'y a rien, juste l'affabulation, la mythomanie, le
mensonge. Ça commence avec le visage de Max Chapkin sur
l'écran de mon enfance, et ça s'achève avec le corps de mon père
mort sur la vidéo de surveillance. La réalité est le privilège des
faussaires, et aux gens comme moi elle ne se révélera que de loin
dans le hasard et la violence. Lorsque l'ennui fatigué laissait place
à la démence, je me disais : aucun de nous n'est fou en vérité tout
est vrai - et ça m'est destiné. Une bombe dans le bureau de poste
de l'Hôtel de Ville ; cinquante morts chez Tati rue de Rennes : ils
brillent devant moi dans ma chambre. Plus l'événement survient
plus la vie se fait irréelle, n'est-ce pas. Elle devient la vie.»
À la fois comédie familiale, roman noir et livre de guerre,
Une place dans le monde tente d'explorer sur un ton mi-comique
mi-désespéré quelques-unes des solitudes et des terreurs contemporaines.
Max Chapkin en est la figure centrale. Juif russo-polonais
et écrivain français, intellectuel brillant et cynique, faussaire,
best-seller moraliste parisien des années 80, adepte de la nouvelle
Russie des années 90, il s'est réfugié dans l'Israël des années
2000 pour échapper aux polices internationales.
Henri Froment, le narrateur dont le père a été le principal
nègre de Max Chapkin, est convoqué à son tour pour écrire l'ultime
volume de ses Mémoires. Mais lorsqu'il arrive en Israël
Chapkin a mystérieusement disparu. Pour le rejoindre, Henri va
devoir plonger dans le chaos d'un monde dévasté.
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