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Le regard ironique d'une Parisienne du XIXe siècle sur les moeurs de la petite bourgeoisie bruxelloise...
Mme Van Zee, parisienne, a épousé un ingénieur belge. Entre deux missions, ils s'arrêtent à Bruxelles. Devant y demeurer peu de temps, ils emménagent dans la maison familiale. Isolée et mal à l’aise entre la mère et les sœurs de son époux, elle se confie à sa mère dans une longue lettre. Une pétillante analyse des mœurs bruxelloises. Des réflexions qui demeurent tout à fait contemporaines. Telle cette manie des Belges, et en particulier des Bruxellois, de critiquer Paris tout en essayant de s'y conformer. Comme si le Bruxellois était honteux de ses origines. Avec beaucoup d’humour, c'est tout le déficit d'identité nationale que ce roman dénonce.
Redécouvrez Caroline Gravière, écrivaine belge du XIXe siècle à la carrière brève mais féconde, dans son roman le plus moderne et le plus drôle.
EXTRAIT
Mme Van Zee se flatte d’avoir un salon, c’est-à-dire que, depuis dix ans, tous les lundis, en toute saison, on ôte les housses et que, de huit heures du soir à minuit, une demi-douzaine d’amies de pension, escortées de leurs mamans, viennent faire de la tapisserie ou du crochet et attendre les cavaliers qui ne viennent ni à pied ni à cheval. De loin en loin, l’un ou l’autre individu du sexe masculin est pris par une invitation de hasard, par une visite retour de dîner, ou amené par mère ou sœur. Hors cela, les lundis se passent entre femmes, tout à fait comme la dînette et la dansette dans les pensionnats ; on s’embrasse et on se pique ; on prend le thé en récapitulant l’état civil de la semaine ; on dit du mal de la beauté en particulier, de l’esprit et des talents en général, des toilettes que l’on voudrait avoir, des personnes à la place desquelles on voudrait se trouver ; on refuse aux autres les beaux âges que l’on n’a plus ; on lapide tous les raisins trop verts : Mlle X. a vingt-cinq ans depuis très longtemps ; quoi qu’en disent ses parents, elle est l’aînée de la famille ; Mlle Z. va épouser un monsieur dont personne n’a voulu ; M. M. et aussi M. N. voudraient se faire présenter l’un de ces lundis, mais est-il convenable de recevoir tant d’hommes ?
CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE
"J'apprécie beaucoup l'écriture appliquée et élégante que l'on retrouve chez nombre d'écrivains de cette époque, particulièrement lorsqu'il s'agit de femmes. Pas de malices ou de jeu de style avec une surenchère d'originalité pour se démarquer de la multitude des candidats à la publication, mais un ton juste et sincère, avec juste ce qu'il faut d'audace et de revendication d'autonomie à cette époque ou l'indépendance féminine n'était pas de bon goût." - Chantal Yvenou sur Kitty la Mouette.
"Une parisienne à Bruxelles est un roman un peu moqueur, qui nous présente le mode de vie du 19e siècle de façon caricaturale mais qui a l'avantage de promouvoir une vision de la femme différente de ce qui se fait à l'époque. " - Carnet de Lecture sur Babelio.
À PROPOS DE L'AUTEURE
Caroline Gravière (1821-1878) est le nom de lettres d'Estelle Crèvecœur. Surnommée la Georges Sand belge, ses écrits mettent généralement en scène le milieu bourgeois qu’elle trouve trop étriqué et hypocrite. On retrouve dans ses romans les préoccupations de l'époque : anticléricalisme, lutte contre les préjugés sociaux, féminisme, mais on y trouve aussi comme un déchirement entre cœur et devoir qui semblent nécessairement inconciliables à l'auteur.