Dans la banlieue verte de Berlin, au cours des années 1930, un garçon rêveur grandit, perdu dans ses livres. Le royaume de son imagination n’a que peu à voir avec l’environnement immédiat ou avec le régime qui se met en place. Pendant que les haut-parleurs exaltent autour de lui la force virile, l’adolescent s’éveille à l’amour et n’écoute que sa fantaisie... Puis on lui colle sur la tête un casque de soldat. Il a 17 ans. Quatre décennies plus tard, un écrivain repart sur les traces de ses vingt premières années. Il s’en est fallu de peu que l’Allemagne nationale-socialiste, en s’écroulant, n’écrase son propre corps sous les décombres. C’est un survivant qui témoigne. Commencée dans l’Allemagne divisée, publiée en 1992 dans l’Allemagne réunifiée, l’autobiographie de Günter de Bruyn connaît un immense succès au lendemain de la chute du Mur. Elle révèle un auteur majeur chez qui l’humaine fragilité s’affirme, prise entre le double feu du nazisme et du stalinisme, comme une force propre à résister à toutes les épreuves – à commencer par celle du temps.
Dans la constellation des témoins de l’Allemagne hitlérienne, de S. Haffner (Histoire d’un Allemand, Actes Sud, 2003) à Th. Bernhard (L’Origine, Gallimard, 2007), de M. Reich-Ranicki (Ma vie, Grasset, 2001) à H.-M. Enzensberger (Hammerstein ou l’intransigeance ; Un bouquet d’anecdotes – Gallimard, 2008 et 2022), de Bruyn, qui fit toute sa carrière en RDA, occupe une place à part.
Inédit en français
Suivi d’un essai d’Édouard Michel, Un Günter stoïcien (où il est aussi question de Günter Grass, Pelures d’oignon, Le Seuil, 2007)
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