L'écriture de Laurine Roux, simple, rugueuse et âpre, dessine un monde à la lisière du merveilleux. Ses évocations très telluriques, glaciales, minérales, font remonter des scènes presque mythologiques : le grand Nord battu par les vents et la guerre, l'animal tapi en nous, ces terres où l'homme a les pieds dans la boue.
Alors qu'elle vient d'enterrer Baba, sa grand-mère, et qu'elle arpente un monde à la croisée du réel et de l'imaginaire que traversent les plus curieuses légendes, une jeune fille, la narratrice, fait la rencontre d'un être sauvage, magnétique, étrange et taciturne, presque animal : Igor, qui livre du poisson séché à quelques vieilles femmes isolées dans la montagne. Avec lui elle connaîtra l'amour, décuplé par une nature étonnamment vivante et par tout ce que la jeunesse porte d'insolence.
Cinquante ans auparavant, le pays fut ravagé par la guerre, ne laissant que des femmes et des enfants. Les survivants ayant voté pour le Grand-Oubli, seules les aïeules pourraient se souvenir, mais tout désir de mémoire en elles s'est tari.
Avant de mourir pourtant, Baba délivre un secret à sa petite-fille : la vérité sur les " Invisibles ", ces créatures que les bonnes gens redoutent plus que tout. Elles ignorent encore combien le destin de la jeune fille sera lié à ces parias.
Au fil du temps le mystère s'épaissit. Qui est Tochko, cet Invisible dont Igor paraît si proche ? Quel lien l'unit à la vieille Grisha, honnie de tous ? Précipitant les personnages dans la tourmente, une tempête poussera les uns et les autres aux confidences. Le roman alors se peuple de voix, de paroles remontées des temps anciens, laissant entrevoir un passage entre le monde des morts et celui des vivants, une porosité entre le passé, le présent et l'avenir.
L'amour suffira-t-il à cette jeune fille pour affronter le trou noir de la guerre ? De quel secours lui sera-t-il, face à tout ce qui menace ?
L'écriture de Laurine Roux, simple, rugueuse et âpre, dessine un monde à la lisière du merveilleux. Ses évocations très telluriques, glaciales, minérales, font remonter des scènes presque mythologiques : le grand Nord battu par les vents et la guerre, l'animal tapi en nous, ces terres où l'homme a les pieds dans la boue. Cette fable assez sombre est pourtant traversée par une très belle lumière, celle d'hommes et de femmes habités par une densité que l'on dirait millénaire, et dont chaque parole, chaque geste est plein de sens. Lumière d'une nature aussi austère que sublime, d'une vie qui n'est jamais si désirable que dans le côtoiement de la mort, lumière de l'amour enfin.
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