C'est l'histoire de minerais mal aimés car toxiques, qui perturbent l'extraction de l'argent et finalement se révèlent exploitables, et même de plus en plus marchands. Car, selon Agricola, on en fait une sorte de bleu qui n'est pas à dédaigner. Et s'il y a un endroit où on ne le dédaigne pas, c'est bien la Saxe qui, avec une bonne partie des monts métallifères, a d'excellentes mines capables de fournir non seulement de l'argent, mais aussi ce trublion de cobalt, pour le plus grand bien des finances de l'Électeur.
C'est l'histoire de l'heureux mariage du cobalt et du verre. Il en résulte des objets célèbres, honneur des musées qui les abritent, ainsi que de remarquables verrières ornant cathédrales et églises. La Saxe exporte dans toute l'Europe.
C'est l'histoire de la décoration des surfaces de céramiques en camaïeu bleu, assiettes et pichets, carreaux et azulejos. Ce saffre gris, qui se mue en bleu, est issu du travail des mineurs Saxons, complété par les soins des Hollandais. Ces mêmes Hollandais, habilement, le distribuent partout, jusqu'en Chine.
C'est enfin l'histoire du smalt, cette poudre bleue qui blanchit, et va trouver le marché européen le plus vaste que l'on puisse imaginer : l'azurage des tissus, des papiers, des perruques, des argiles et des sucres.
Bref, c'est l'histoire d'une sorte de bleu qui n'est pas à dédaigner.
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