En dépit des ambitions modernistes des derniers chahs, l'Iran demeure l'un des principaux pays tribaux du monde. C'est à l'une de ses tribus, les Bakhtyâri iranophones, nomades des montagnes du Zâgros, qu'est consacré cet ouvrage.
Par quel enchaînement d'adaptations, des populations des plaines mésopotamiennes antiques ont développé une spécialisation pastorale, puis un grand nomadisme montagnard (XIe-XIIIe siècles), et se sont « tribalisées » (XVIIe-XVIIIe) en se dotant d'une chefferie hiérarchisée et centralisée (XIXe) qui fut capable, le soutien britannique et la manne pétrolière aidant, de rivaliser avec l'État persan ? À partir de ces questions initiales, Jean-Pierre Digard explore une histoire tribale intimement liée à celle de l'Iran, depuis la domination Bakhtyâri (1909-1913), la politique de sédentarisation et de détribalisation de Rezâ Shâh (1925-1941) et la révolution blanche de Mohammad Rezâ Shâh (1941-1979) jusqu'aux remous de la République islamique.
La longue durée ici considérée fait table rase des clichés du nomadisme comme genre de vie intemporel, et des tribus comme sociétés autarciques et figées. Elle permet en outre de dégager des perspectives pour un avenir bien compris du nomadisme et des tribus.
Largement illustré, cet ouvrage offre une approche complète, nourrie des expériences de terrain d'un anthropologue spécialiste de l'Iran, mais aussi de la domestication animale et des sociétés d'éleveurs.
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