En 1907, le pape Pie X condamne, sous le nom de «modernisme»,
une série de thèses et d'auteurs qui soumettaient la
foi catholique au défi de sciences humaines en plein essor, histoire
et philosophie surtout. Le danger est jugé si grave que le
Saint-Siège entoure alors la recherche théologique d'un redoutable
barrage défensif, dont l'outil majeur n'est autre qu'un
thomisme d'école, et les principaux agents des thomistes
intransigeants qui peuplent les universités et les congrégations
romaines, le tribunal du Saint-Office au premier chef.
Le concile Vatican II a ouvert, de façon notoire, des brèches
irréparables dans un tel barrage, tant sur l'autodéfinition de
l'Église que sur ses rapports avec la pensée ambiante. Mais
comment est-on passé, en un demi-siècle, de la forteresse battue
par les vagues de l'hérésie au peuple de Dieu en dialogue
avec ses contemporains, fussent-ils les «maîtres du soupçon»
ou leurs émules ?
Sur le cas français, exemplaire mais pas unique, ce livre
s'efforce de retrouver les choix intellectuels qui, non sans
risques, ont permis la percée des années 1960 : le recours à
l'histoire pour lire le thomisme, un retour aux sources du christianisme
et des emprunts aux philosophies de l'intériorité, principalement.
De Gardeil à Chenu, sans oublier Maritain, et de
Blondel à de Lubac, sans oublier Laberthonnière ni de Montcheuil,
il restitue ainsi cinquante ans d'histoire de la pensée
catholique française à son contexte, ecclésial et général.
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