Prenez un rédacteur médical de quarante-quatre ans en pleine crise existentielle, placez-le tous les matins, «à l'heure où l'aube noircit la campagne», face à ses pensées et à l'âtre de sa petite maison perdue dans les frimas de l'hiver, ajoutez-y l'évocation tendrement triste de sa famille, les mille et un objets domestiques qui encombrent son esprit et son intérieur bourgeois, un chat, une cane, et même quelques ratons laveurs... ne reste plus alors qu'à craquer une allumette au début de chacun des trente-trois chapitres pour voir s'animer tout le drôle de petit monde ainsi créé par Nicholson Baker pour son anti-héros.
Un monde miniature, qui serait comme le négatif de l'immense fresque de Proust: Brièvement, je me suis levé de bonne heure! Le monde d'un magicien de l'ordinaire, qui initie son lecteur aux beautés de la goutte d'eau qui glisse sur la paroi d'un gobelet, aux délices de l'achat d'un frigo miniature pour la chambre d'amis. Ce monde, si familier et surréel, c'est le nôtre. Et si nous sommes invités à en parcourir les replis les plus insignifiants et les plus drôles, c'est pour mieux apprivoiser le désespoir et la mort qui le hantent, qui nous hantent.
Traduit de l'anglais par Antoine Cazé
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