C’est à l’histoire de l’avènement du son au cinéma que nous convie Giusy Pisano. Aux confins des sciences et des techniques, les inventeurs les plus curieux croisent ici les chercheurs les plus à la pointe de leur nouvelle discipline, quelquefois au plus grand étonnement du lecteur. Comment peut-on imaginer par exemple que les recherches sur les sourds et muets ont eu des répercussions décisives dans la naissance du cinéma moderne ? C’est au début du XIXe siècle, grâce, entre autres, à l’essor de la physiologie expérimentale qu’une panoplie de nouveaux appareils se met progressivement en place, expliquant la nature du mouvement vibratoire d’une onde sonore ou d’un objet se déplaçant dans un espace et reproduisant le même phénomène. Dans l’ « obsession » du mouvement, propre au XIXe siècle, les recherches sur le son arrivent peu à peu à se relier aux investigations sur le mouvement visuel. Du chronographe de Thomas Young à la chronophotographie de Marey en passant par les recherches acoustiques de l’abbé Rousselot, un champ fragile de convergence s’élabore, nouant des relations expérimentales entre des domaines apparemment éloignés. L’enregistrement du mouvement tant en acoustique qu’en optique ou en physiologie constitue ici le pivot de la synchronisation son /image. Grâce à lui des échanges de plus en plus constants s’effectuèrent entre science, spectacle et industrie. Le cinéma sonore pouvait naître.
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