Depuis 1989, Jeanne Favret-Saada s’est donné comme objet de recherche les affaires contemporaines de blasphème, comprises dans le cadre plus général des polémiques publiques à enjeux religieux. Elle a programmé l’examen de cas survenus depuis les années 1960 dans des États qui ont inscrit parmi leurs principes fondamentaux la séparation du politique et du religieux. Ils concernent deux ensembles religieux : d’une part, les christianismes, sur lesquels elle prépare actuellement un ouvrage ; et d’autre part, les islams, sur lesquels elle a publié un premier livre qui traite de l’affaire danoise des dessins de Mahomet en 2005-2006. Ce travail sur des cas vise leur mise en série comparative et historique. Or ce phénomène des accusations publiques de blasphème, qui occupe si souvent la une de nos journaux depuis vingt-cinq ans, est demeuré un non-sujet absolu pour l’ethnologie et la sociologie, sans que la moindre justification soit donnée à cette abstention. Jeanne Favret-Saada s’interroge sur cette situation, et développe quelques orientations de son travail en cours.
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