« Ma grand-mère habitait en Podlachie. Sa maisonnette ne se trouvait pas dans un village, mais dans ce que l'on appelait une "colonie" - des habitations paysannes éparses, séparées par des boqueteaux de trembles et des haies de vieux peupliers élancés. Au milieu d'un jardin fruitier. L'été, la fraîcheur s'y maintenait même en plein midi. Les pommiers étaient tous très vieux, imposants, leurs couronnes s'entrelaçaient en un royaume d'ombre éternelle. »
(Extrait)
Stasiuk se souvient ici de quatre êtres disparus auxquels il rend hommage avec une légèreté qui tient du paradoxe. L'histoire de sa grand-mère, ancrée dans une Pologne d'un autre temps, forme le début de ce livre - mais l'âme de cette merveilleuse conteuse, qui était capable de ressusciter les fantômes, imprègne chacun des quatre récits. C'est elle qui a légué à Stasiuk l'art de narrer, et c'est au fil des méandres de sa mémoire qu'il distille de précieuses réflexions existentielles.
Oeuvre lumineuse, habitée, profonde, Un vague sentiment de perte est le pendant méditatif du roman picaresque autobiographique Pourquoi je suis devenu écrivain (Actes Sud, 2013).
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