En cette période mouvementée qui s’étend du début des années 1550 au seuil de la première guerre de religion – période marquée par l’essor des Églises réformées, la politique répressive des successeurs de François Ier et les espoirs, sans lendemain, suscités par l’avènement de Charles IX –, une jeune génération d’auteurs huguenots investit un genre antique encore peu exploité en France : la tragédie.
Sont ainsi convoqués sur scène Abraham, David, Esther ou encore les trois jeunes gens de Daniel 3 pour donner corps aux émotions contradictoires qui agitent le croyant lorsque, aux heures sombres de la persécution et de l’exil, Dieu semble avoir mis son peuple « pour tout jamais en oubliance » (Joachim de Coignac). Entre sentiments de déréliction et élans eucharistiques, c’est une véritable « anatomie de toutes les parties de l’âme » (Calvin), que la trajectoire descendante du canevas tragique, en interaction constante avec le modèle psalmique, permet d’inventer.
Portant sur un corpus de neuf tragédies bibliques, la présente étude propose, au croisement d’interrogations poétiques, dramaturgiques et théologiques, une herméneutique de l’épreuve subie par l’élu, c’est-à-dire de sa chute apparemment tragique.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.