« Un jour, ce conflit trouvera sa résolution, mais la réalité quotidienne est pratiquement insupportable. Je ne pouvais plus la tolérer en restant assis à mon bureau. Je me sens responsable des atrocités commises, en mon nom, par la moitié israélienne de l’histoire. Laissons les Palestiniens prendre leurs responsabilités face à celles que l’on commet en leur nom. De notre côté, il y a l’entreprise, toujours en cours, des colonies installées sur une terre annexée. Et cette forme de violence, qui a fait des ravages dans tous les Territoires, s’accompagne d’une violence aussi inacceptable du coeur et de l’esprit : l’égoïsme borné et autosatisfait du nationalisme moderne. »
L’auteur de ces lignes est historien, poète et écrivain, professeur à l’Université hébraïque de Jérusalem, membre de l’Académie des sciences.
Au tournant du millénaire, peu après la deuxième intifada, David Shulman devient, avec ses amis palestiniens et israéliens l’un des fondateurs d’un mouvement menant des actions de solidarité au jour le jour, mouvement de protestation civile pour la paix qui s’inspire de la tradition de non-violence de Gandhi et Martin Luther King. Son nom : Ta‛ayush, en arabe « coexistence », de ta‛ayasha, « vivre ensemble ». Il n’est pas indifférent que ce mouvement ait choisi de se donner un nom arabe – plutôt
qu’hébreu ou anglais.
Se refusant à un optimisme lénifiant, le poète militant recommande « le désespoir comme point de départ ». De ce « sombre espoir » naît une lucidité qui prend la forme d’une inquiétude dynamique.
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