Une pensée vieille comme le monde, sur laquelle ont brodé Montaigne, Bossuet et La Bruyère, mise en maxime par Pascal («Un roi sans divertissement est un homme plein de misères»), a inspiré à Giono, à propos d'un épisode de banditisme montagnard, une œuvre mystérieuse et troublante. En purgeant la contrée d'un malfaiteur - qu'il se garde de déférer à la justice -, le capitaine de gendarmerie Langlois n'a pu - en dépit de l'indulgence du procureur et de la société locale - exorciser ses propres démons. Quelques années encore, il s'étourdira de fêtes mondaines et de battues aux loups, avant de finir tragiquement, comme sa victime, en fumant, en guise de cigare, une cartouche de dynamite. Le sang d'une oie décapitée répond, à la dernière page du livre, aux traces sanglantes que laissèrent sur la neige les victimes du malfaiteur, ou le chien égorgé par un loup au cours d'une de ces violentes parties de chasse que le capitaine affectionnait.
Date - 1843 - et lieu - le canton raviné de Trièves - soulignent le romantisme de cette étrange et mystérieuse histoire.
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