"Il n'y a plus de discours idéologique ou moral que puissent, aujourd'hui, accepter les citoyens. Leurs exigences sont d'une autre nature. La société occidentale est à l'âge où les passions politiques s'étiolent ; un âge adulte, au fond. Les "grands mots" s'éloignent irrémédiablement comme s'efface l'image d'anciennes maîtresses, (...) Vous vous deviez, bien sûr, d'entretenir quelque temps la ferveur "socialiste" puisque vos adversaires comme vos amis vous donnaient pour "le premier président socialiste". Vous avez sans doute rêvé d'être l'homme d'un renouveau. Rêvé... Quelque chose se prépare qui vous dépasse, et au regard de quoi cette idée de "changement" que l'on brandit ici et là est proprement dérisoire. Quelque chose qui fait que vous devrez, malgré vous, malgré tout, parfaire l'évolution amorcée depuis une décennie environ par tous les Princes des nations industrialisées. Et devant ce "quelque chose" que j'essaie à mon tour de cerner, j'ai au moins cette certitude : l'époque des grandes individualités historiques tire à sa fin. Vous êtes, comme l'ensemble de vos pairs, un prince du commun - et il n'y a rien là qui soit dit pour vous choquer." J.B.
C'est ainsi que Jean Bothorel interpelle François Mitterrand, et à travers lui les nouveaux "Princes" des démocraties occidentales. En un temps où les idéologies ne sont plus fiables, où les espérances collectives sont épuisées, les citoyens ne demandent plus à leurs dirigeants que d'incarner le pouvoir dans ses dimensions les plus ordinaires. Que ce pouvoir soit libéral, social-démocrate ou "socialiste". Esprit libre de tout engagement partisan, Jean Bothorel appelle les Princes de l'ère cybernétique à réfléchir sur la vérité de leurs pouvoirs.
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