L'étonnement envahit et nourrit la peinture de Mark Brusse, comme si celui-ci voyait toujours le soleil pour la première fois et que, à chaque trait qu'il traçait, à chaque tableau qu'il réalisait, une nouvelle lumière l'éclairait. Si nous savions pourquoi nous existons, nous en resterions sidérés. Mark Brusse préfère les questions aux réponses et ouvre les yeux pour ne jamais revoir la même chose, pour peindre ce qu'il n'a jamais vu, ce que nous n'avons jamais vu. Devant ses dessins, ses peintures, ses céramiques ou ses sculptures, nous avons l'impression que nos yeux, dans leur chair à vif, s'ouvrent comme pour la première fois. Nos paupières levées ne peuvent plus se baisser. Nous ne pouvons plus fermer les yeux, la lumière qui les éclaire est si douce que nous pourrions rester ainsi autant le jour que la nuit, et dormir les yeux ouverts jusqu'à ne plus savoir si nous sommes dans le sommeil ou dans l'éveil. Comme si les oeuvres de Mark Brusse faisaient naître un nouveau jour qui aurait toujours pour fond l'obscurité, une obscurité continue qui tiendrait ce jour sans cesse allumé, sans que jamais celui-ci ne nous éblouisse ou ne prenne feu.
Jean-Luc Parant
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