«Que signifierait, dans la société contemporaine, prendre au
sérieux, comme faisant partie de notre définition d'une société
bonne, les valeurs du care - prévenance, responsabilité, attention
éducative, compassion, attention aux besoins des autres - traditionnellement
associées aux femmes et traditionnellement exclues
de toute considération publique ?» Telle est la question que pose
la théoricienne féministe Joan Tronto dans ce livre majeur, qui a
largement contribué à renouveler le champ de la philosophie politique
dans le monde anglo-saxon. Le care a longtemps été compris
comme une qualité féminine moralement positive. La «moralité des
femmes» est même apparue à certains comme une stratégie convaincante
pour provoquer le changement politique. Or les femmes
restent encore largement exclues du pouvoir.
Pour sortir de cette impasse théorique et politique, affirme Joan
Tronto, il faut cesser d'associer le care à la «moralité des femmes»,
comme le fait encore Carol Gilligan dans Une voix différente. Il
s'agit plutôt de présenter une défense politique de l'éthique du care,
défini comme «une activité générique qui comprend tout ce que
nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre "monde",
de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible». Tronto
considère qu'à condition de déplacer les frontières entre morale et
politique, raison et monde des sentiments et entre vie publique et
sphère privée, le care peut apparaître comme un concept politique
utile, susceptible de nous aider à repenser la coopération démocratique
d'êtres qui sont tous fondamentalement vulnérables, comme
l'est aussi leur monde commun.
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