11 novembre 1918 - La Victoire. Partout les carillons de joie, les flonflons de la délivrance. La fin d’un cauchemar de quatre épouvantables années. Mais est-ce bien la fin du cauchemar pour ces grands blessés qu’Héloïse Davray tentait tant bien que mal d’accompagner dans cet hôpital de campagne du côté de la somme ? Est-ce bien la fin du cauchemar pour ces femmes - veuves, mères, sœurs, fiancées de gars tués au front ou revenus mutilés - qui se rassemblent chaque jour presque en cachette dans la sacristie de l’église de Saint-Augustin pour partager leur tristesse, leur désarroi, leur épuisement et leur détestation de la guerre ? La parole qu’elles libèrent alors, si peu en harmonie avec la liesse de commande du moment, n’a pas droit de cité. On leur impose silence. Comme on impose silence à Françoise Dupuy, cette jeune avocate devenue journaliste pour enquêter sur les troublantes zones d’ombre autour de l’assassinat du leader socialiste et pacifiste Jean Jaurès, en 1914, quatre jours avant l’entrée en guerre de la France. Les chemins de Françoise et d’Héloïse vont se croiser. Pour cette dernière, ce sera la révélation des sombres machinations, des épouvantables compromissions et de l’océan de corruption qui ont prospéré en marge du conflit et grâce à lui. Les coupables, les corrompus, les affairistes, les politicards qui, pour de sordides raisons d’intérêt et de pouvoir, ont tout fait en sous-main pour que cette guerre éclate, elle ne les connaît que trop bien. Elle était des leurs avant-guerre. Elle partageait leur existence de luxe, de futilité, de volupté. Elle était même tombée follement amoureuse de l’un d’eux, peut-être bien le plus compromis. Aussi, lorsque les carillons joyeux cessent de sonner, se persuade-t-elle sans peine que l’heure est venue pour ceux-là de payer.
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