Selon Montesquieu, L'Esprit des lois a été « estropié » plutôt qu'imprimé à Genève en 1748. Les années suivantes le voient tenter de corriger les nombreuses éditions qui se succèdent et se concurrencent dans toute l'Europe. On suit ici, grâce à une enquête menée à travers des correspondances, des archives, mais surtout des dizaines de bibliothèques, l'histoire mouvementée d'une oeuvre qui présente d'innombrables difficultés textuelles, toujours présentes dans les éditions disponibles aujourd'hui. Ce n'est que le premier pas d'une étude qui, remettant en cause ce qu'on croyait parfaitement établi, conduit jusqu'aux éditions les plus récentes des Oeuvres complètes de Montesquieu : que sont devenus ses manuscrits, une fois dans les mains de son fils ? quel rôle a joué son petit-fils, quand ils constituaient une intéressante monnaie d'échange ? Au-delà, on découvre les conséquences des contraintes matérielles ou des partis pris, parfois dissimulés, des éditeurs : de Plassan à Laboulaye ou Caillois, de la monumentale édition des Bibliophiles de Guyenne qui révèle les archives de La Brède à l'économique « Intégrale », c'est la notion même d'éditeur scientifique qui est passée au crible.
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