Le tueur en série est une figure fascinante. L'impact qu'il exerce
sur le public tient à sa faculté d'excéder les représentations : il mêle
réalité et fiction, psychologie et projections imaginaires, perversité
et masque de socialité. Se mesurer à cette personnalité hors normes
oblige à croiser les champs de réflexion. C'est ce qu'entreprend
Thierry Jandrok, alternant approches psychanalytiques (sur la
grammaire de la folie et le pouvoir des pulsions, par exemple),
études de cas cliniques, courts textes de fiction, analyses d'oeuvres
littéraires, cinématographiques et télévisuelles. Agissant suivant des
modes opératoires durables et implacables, le serial killer évolue entre
archaïsme et modernité, civilisation et barbarie : il transforme le
quotidien en terrain de chasse, dévoile l'envers des sociétés, cristallise
les fantasmes les plus morbides. Pourvoyeur de cruautés radicales
et ritualisées, machine animalisée dilatant les souffrances, il incarne
l'horreur (Ed Gein inspirant Psychose et Massacre à la tronçonneuse,
Jeffrey Dahmer surnommé «le Cannibale de Milwaukee»), combine
attraction et répulsion (Hannibal Lecter et Dexter). À l'aune d'un
monde régi par la surenchère des images violentes, le management
cruel, l'angoisse sécuritaire, le tueur en série nous renvoie à deux
terreurs essentielles : notre moi perçu comme gouffre psychique et
l'inexorable faculté du Mal à se régénérer, à se banaliser, à faire des
lieux les plus ordinaires la scène des pires atrocités.
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