Le rideau s’ouvre sur la Florence du xvie siècle : Lorenzo de Médicis, alias Lorenzaccio, vient de poignarder son cousin Alexandre. Comme la politique, le tyrannicide moderne naît dans la patrie de Machiavel. L’ouvrage se termine avec l’exécution de Louis XVI en 1793. Dans l’Europe moderne, tuer le tyran peut devenir légitime, comme l’enseignent la Bible avec Judith trucidant Holopherne, et l’histoire ancienne célébrant Brutus assassin de César. Mais comment distinguer entre le roi et le tyran ? Saint-Just résout la question d’un trait : « On ne règne pas innocemment. » Monique Cottret montre que, entre les grands principes et la
réalité, le choix n’est pas si simple. Dans le passage de la théorie raffinée à l’acte brutal, l’imaginaire tient une grande place : Jacques Clément, meurtrier d’Henri III, fut considéré par certains comme un saint alors que, trente ans plus tard, le couteau de
Ravaillac, il y a tout juste quatre siècles, transforme Henri IV en héros. Charles Ier d’Angleterre, Pierre III de Russie, de quoi au juste étaient-ils coupables ? A quoi songeait Damiens, brandissant son canif contre Louis XV ?
C’est ici l’histoire politique d’une idée où la mort entretient des relations privilégiées avec le sacré.
Monique Cottret est professeur d’histoire moderne à l’université de Nanterre où elle dirige le Centre d’histoire sociale et culturelle de l’Occident. Spécialiste des phénomènes politiques, religieux et culturels, elle a notamment publié La Bastille à prendre (1986), Jansénismes et Lumières (1998), Culture et politique dans la France des Lumières (2002), et avec
Bernard Cottret, Jean-Jacques Rousseau en son temps (2005).
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