C'est ainsi qu'un jour d'automne, je suis arrivée. En suspension au beau milieu de l'océan, j'ai suivi la course du soleil et ai vécu l'éternité d'un jour, aimantée par le vide de l'immensité, dans le vent frappant par rafales. Le mouvement incessant de la mer faisait le reste et surtout l'essentiel, car à Ouessant tout est lié à sa présence immuable comme le temps des dieux. À partir de ce moment-là, j'ai su que je ne raterais aucun lever et coucher de soleil.
À l'hiver 2015, Gwenaëlle Abolivier réside trois mois dans le sémaphore de l'île d'Ouessant, au bout de la Bretagne, sa région natale. C'est pendant, et à la suite de ce séjour, qu'elle écrit ce récit. Là, sous le grand phare du Créac'h, se racontent un voyage immobile et une expérience d'immersion au contact des éléments et des îliens. Elle explore les lieux et rencontre les habitants, les derniers marins de commerce, les guetteurs-sémaphoriques et gardiens de phares, et les femmes, gardiennes des lieux, qui occupent une place prépondérante sur cette île du Ponant. On découvre à quel point ce territoire est à part : territoire de l'extrême qui entretient un rapport particulier à la noirceur et à la mort. Face à la mer et sous les faisceaux du grand phare, l'auteure vit cette expérience comme une renaissance dans le passage et l'exil que représente l'écriture.
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